samedi 17 octobre 2015

Welcome to winter in the tropics !


Hello again !
Time to come back and tell you some stories.

Au mois d'août, pour ceux qui n'ont pas suivi, je suis allée de l'autre côté de la planète, et j'en suis revenue.
Avec 8000 photos au compteur et des souvenirs plein la tête.
J'aimerai vous raconter tout ça en détail, mais je sais déjà que c'est un peu perdu d'avance. 

Malgré tout, et parce que l'on me harcèle (oui, Camille, je parle de toi), je vais essayer de me lancer dans quelques récits illustrés de mes pérégrinations australiennes.

Let's start !

A la base, je suis partie en Australie pour travailler.
Si, si !
 A Cairns, plus précisément, sur la côte Nord Est de l'Australie !

Là haut, à droite dans le petit cercle bleu !
Je m'y suis rendue pour assister à une semaine de conférence et présenter mon travail devant plein de confrères, spécialistes du domaine et autres pontes en éthologie.


Donc c'était un peu l'aventure et le challenge à plein de niveaux. 
Première grosse présentation en anglais, en solo, à l'autre bout du monde et devant des références de mon domaine.
Zou, on y va et on ne claque pas des genoux !

Si vous voulez jouer à "Où est Charlie", j'y suis !
Le congrès était vraiment chouette, même si c'est assez intense d'écouter des présentations en anglais (plus ou moins bien articulé), précises et pointues pendant plus d'une semaine et de se socialiser de manière active le soir venu (toujours en anglais, sinon ce n'est pas drôle). 

 Il n'y a que dans ce contexte là que l'on rencontre des italiens de Stockholm et des lituaniens autrichiens qui bossent en Guyane. On commence dans une langue, on finit dans une autre avec de grands éclats de rire... j'adore ça ! Et tous ces gens ont des histoires de vie fantastiques ! "Bonjour, mon boulot à moi, c'est de marquer des requins aux Bahamas !" "Ah, bah moi...je suis les grenouilles dans la forêt tropicale". "Moi ? J'apprends à des perroquets à utiliser des outils".
Enfin, bref, des rencontres, des découvertes, de l'exaltation de chaque instant, mais avec quelques poches sous les yeux tout de même !
(et plein de français expatriés dans des endroits cocasses !)

Au menu des "social activities", on avait le droit en sus, à une visite d'un zoo de nuit (avec mon premier wombat de toute ma vie, et papouille à un koala), une repas aborigène, touristique à souhait, un "social diner" officiel avec groupe de musique live (et une démo de parade nuptiale de la grue par deux chercheurs désinhibés) et, pour conclure tout ça, snorkelling (tuba et palme mais sans bouteille d'oxygène) dans la grande barrière de corail. 
Y a pire.

Illustrations diverses ! 

Je vais casser un mythe, mais un koala, ça ne sent pas bon DU TOUT. Et c'est beaucoup moins doux que ce qu'on pourrait imaginer. Je sais, je mets vos rêves en pièces, ne me remerciez pas.
Le wombat et les chercheurs, une fable inédite de Lafontaine. Notez que la bestiole ne se laisse pas distraire. Une star née.

Je me fais plein d'amis, c'est chouette
KANGOUROU !

"Guys, let's do funny faces !" :D

Le snorkeling, j'avais quelques appréhensions vu que la dernière fois que j'avais tenté, j'étais très jeune et je n'arrivais pas à bien nager et à plonger pour m'approcher pour voir les poissons. Et mes maigres expériences de plongée ce sont soldées par de vives douleurs aux oreilles. Donc j'étais un peu inquiète.

Je vous rassure !
 La faune aquatique australienne est tellement foisonnant, que même pour les mauvais nageurs, il y a possibilité de s'en mettre plein les prunelles.
 Même de la surface, les écailleux vous envoient leur bonjour et grignotent le corail à quelques centimètres seulement de vos palmes. 
L'eau était fraiche, mais le spectacle enchanteur.

En revanche, ça fait bizarre de plonger d'une plateforme artificielle en pleine mer, et d'être tous entassés dans un petit carré pour plonger. Mais au final, il y a assez de poissons à regarder pour tout le monde et on oublie rapidement qu'on est plusieurs à être nombreux !

Ça va, c'est pas dégueu.

Green Island

J'ai des coups de soleil et de la crème sur le nez. Parée à plonger !
Tout le mérite des photos sous l'eau revient à Marie-Amélie. Moi je galérais bien trop à essayer de respirer par la bouche pour me concentrer sur autre chose !
Si quelqu'un sait ce que c'est...je suis une vraie bille en matière de poissons

Je sais que je ne suis pas objective, mais quand même, les poissons perroquets ce sont les plus beaux !
Pas de doute, y a du corail !
Ça décoiffe ! Et ma première baleine a même eu la délicatesse de venir souffler à côté du bateau lors du retour.


Bon, et puis sinon, Cairns, c'était sympa.
 Beaucoup plus petit que ce à quoi je m'attendais (surtout pour un "spot" aussi prisé pour la plongée) mais agréable. 
Je n'ai visité que l'esplanade, le jardin botanique et le lieu de la conférence, mais ça a été une initiation en douceur aux tropiques en hiver (26°C, c'est chouette), et à la faune locale variée et bariolée. 
J'étais encore loin de me douter de tout ce que j'allais découvrir par la suite !

Rapide visite guidée en vrac de l'endroit !

Avant toute chose, il faut savoir que les pièces australiennes sont ultimement cools. Kangourou, échidné et ornithorynque. Moi je dis, tu peux pas test. 
Fallait que je vous les montre avant de poursuivre mon récit décousu.

Ma préférée, c'est l'échidné !
Sinon, voici mon auberge ! Le YHA de Cairns.
Une auberge de jeunesse typique pour tous les "backpackers" (ceux qui se baladent avec leur sac à dos), avec cuisine collective, et spot wifi surchargé ! Beaucoup de français et d'allemands ! On ne se sent pas si dépaysé que ça. Mais il y avait barbeuc' pour 6 dollars tous les vendredi et pancakes gratuits tous les matins. Un truc qui s'approche du bonheur.
 
Home sweet home


 Voici un petit mix rapide de quelques copains croisés sur le chemin entre le YHA et le centre de conférence (15 minutes à pied). 
Oui, en pleine ville.
Oui, je sais. 
C'est ça l'Australie.


Ce petit chemin, qui sent la noisette ♫

Le centre de conf'. Ça en impose.

Une brochette de "Peaceful doves"

Bon, peaceful, peut être mais pas si rassurée que ça !
Willy, il a toujours l'air de vouloir en découdre

Le piaf nasique
Martin-triste !
Pee-wee !
Nous on a des pigeons, eux ils ont des rainbow parakeet...
Fig bird. Aussi coloré que silencieux !
  
Mon auberge était en plein cœur du centre ville, juste en face du "Cairns central", un immense centre commercial. A peine mes bagages posés après mes 26 heures de vol, j'y ai bondi pour dévaliser la librairie (forcément).

Just on the other side of the road

Verrière et grand soleil

La déco y était très animalière.



Dans Cairns aussi, outre les longues allées, les maisons qui faisaient préfabriquées (mais si, avec des espèces de toits en avancée bizarres qui font comme des trucs qui ne tiennent qu'un été), il y avait une multitude de bancs colorés en mosaïques trops jolis.

Casoars et grenouilles sur les murs


Le croco trop cool au coin de ma rue
 
Le banc à piaf !

Rainbow !!!

En me baladant, j'ai trouvé des choses assez rigolottes aussi, comme ce loueur de voitures customisées. Moi, j'ai choisi la mienne !

Les T-rex n'ont qu'à bien se tenir !

J'ai déambulé plus ou moins maladroitement au début...voici un petit détour par les anciens docks où l'on a mangé lors du social diner,  mi chemin entre le centre de conférences et l'esplanade.
 Tout avait le bon goût de n'être qu'à 15 minutes à pied.

Un mariage, des tortues, un filet avec des piafs. Poétique.



Ambiance mangrove. matez ces racines ! Les merveilles de l'évolution à l’œuvre !

 L'esplanade (symbole de la ville avec ses poissons métalliques emblématiques), je ne l'ai découverte que au bout d'une semaine, lorsque je suis allé mangé un burger avec les copains du Max Planck le dernier jour du colloque. Une grande étendue herbeuse, avec les restos d'un côté, une grande piscine (gratuite !) et la jetée de l'autre côté. 
Ça fait presque oublier la ville !



Oui j'aime bien le concept de la fleur perpétuelle.
 


Tropiques obligent, les arbres sont démesurés. C'est enivrant de marcher sous leur frondaison.
 
Voir les gens à l'échelle, ça remet un peu en perspective.


En Australie, il y a des barbeuc' mis à disposition de tout le monde ! Un concept plutôt sympa.
La jetée de l'autre côté.
 Donc pas de plage accessible à Cairns même, mais une vue qui vaut le détour. Et plein depiafs exotiques qui fouillent dans la vase.




Encore de nouveaux amis


L'ibis farfouille gaillardement !
Retour au bercail à la tombée de la nuit. Les ibis rentrent, et les chauve-souris sortent.
 

Balades nocturnes, glaces et burgers végétariens, toujours avec les coupains !

Les poichons !

Tu me vois, tu me vois plus !
Je suis tombée amoureuse des pieds moussus avec leurs petites loupiotes colorées


Magique !
 Et voilà pour Cairns, et le premier aperçu australien.
Et ce n'est que la première semaine ! Celle où j'ai fait le moins de photos...

Le prochain récit sera ÉPIQUE, avec du suspens, du frisson, et beaucoup d'animaux sauvages !
Direction la forêt primaire et les Atherton tablelands !

Stay tuned.

samedi 8 août 2015

Terra australis

Ladies and gentlemen...

Je vous ai laissé sans nouvelles depuis quelques temps mais j'avais (pour une fois), une bonne raison !
En effet, si je n'ai pas écrit depuis un moment c'est parce que je devais bosser dur avant mon départ en ...AUSTRALIE ! YAY !
Je suis partie mercredi soir heure française, et j'ai atterri à Cairns, ville dédiée à la plongée dans la grande barrière de corail,  il y 24h, soit plus d'une journée et demie après mon départ. ça fait un peu peur, dit comme ça, mais force est de constater que l'on survis, plus ou moins.
Bon, ok, hier, j'étais pas ultra fraiche, mais, j'ai fait illusion. Un temps.
J'y suis pour le boulot, et si je ne meurs pas de trouille pendant ma présentation orale de mercredi (devant un amphi rempli de spécialistes, en anglais, toussa toussa), je pourrai apprécier à juste titre les 3 semaines de vacances et de pérégrinations épiques que je me suis programmé ensuite.

Voici un court résumé de ce qui est prévu (et comme je suis sympa, z'avez la carte en sus):

 
- Boulot-boulot jusqu'au 14 août (mais bon, moi je passe le 12, donc le 12 au soir, ce sera déjà un peu les vacances)

- Circuit dans les parcs nationaux autour de Cairns, sur la côte Nord-Est, jusqu'au 23 août. Piafs exotiques, forêt luxuriante, ornithorynques et autres marsupiaux improbables... ça risque d'être mega cool, car je vais voyager avec les petits collègues du congrès, et avec un guide dont le boulot c'est de nous faire voir des bestioles. Autant dire qu'on devrait être tous dans le même délire (" Regardez, des crottes de Wombat ! OUAAAAH !" ). J'ai déjà les jumelles qui me démangent !

- Un nouveau vol en avion (je vais exploser mon record pendant ce voyage). Balade dans le centre rouge dans le Northern Territory (oui, oui, "northern" en plein centre du continent. Logique), pour aller voir Uluru et les autres gros cailloux rouges dans le désert (et comme j'aime le challenge, je vais dormir/mourir à la belle étoile. Oui, oui). Jusqu'au 26 août.

- Envol vers Darwin (soupir de fangirl), plein Nord pour aller voir le parc du Kakadu célèbre pour sa biodiversité exceptionnelle, ses crocos aguicheurs et ses peintures rupestres aborigènes. Pérégrinations jusqu'au 29 août.

- Re-avion jusqu'à Sidney où je reste jusqu'au 4 septembre. Opéra, vie citadine, Blue montains, et tentative d'aller voir les baleines ! Je hais toute excursion maritime, mais c'est pour la bonne cause !

- Re-avion jusqu'à Melbourne, le temps de flâner voir les vieilles maisons victoriennes, la ville, les musées et les pingouins à Philip Island (oui, vous l'aurez compris, ça va être un séjour animalier à souhait !). J'y reste jusqu'au 7 septembre au soir, et de là, zou, re-re avion jusqu'à Paris, avec cette fois, une seule escale à Dubaï. 
Easy quoi.

Pas sûre d'avoir le temps de vous raconter au fur et à mesure, mais, faites moi confiance, je vais mitrailler tout ce qui bouge. Avec un peu de bol, je trouverai même quelques heures pour vous faire de mini résumés de mes aventures.

En attendant, zou, je vais quitter mon pyjama, chausser mes pompes et partir à l'aventure !

See ya !

dimanche 28 juin 2015

Power and control, I'm gonna make you fall


"Il faut que tu veuilles brûler dans ta propre flamme : comment voudrais-tu redevenir neuf si tu n’es pas d’abord devenu cendre !"
Ainsi parlait Zarathoustra , Friedrich Nietzsche.

J'ai négligé ce blog.
 J'ai cédé aux trompettes de la flemme, privilégiant facebook (cet engin du malin), tumblr et autre deviantart, où l'on se contente de balancer des images sporadiquement, sans m'étaler comme j'aime à le faire pour vous expliquer le pourquoi du comment du schmilblick.
C'est mal.
J'aime bloguer, et ça me manque furieusement.
J'ai envie de dénoncer des inégalités crasses, de vous parler de découvertes qui m'ont tourneboulées, ou de différentes choses qui m'ont bouleversé ces derniers mois.
Il est déjà fort tard donc ça devra un peu attendre, mais, promis, ce sera fait !

Comme j'ai à cœur de travailler sur l'histoire de Meredith, dans le cadre du projet Mutatis mutandis, je me suis dit que ce serait bien de vous présenter la dernière illustration un peu poussée que j'ai fait sur le sujet.
Avec un décor ! Et oui. Tout arrive.
Pire, j'en suis presque satisfaite.
Où va le monde ?

Bref, ceci date de janvier.
C'est tout au feutre, et ça représente Eireann (qui, est un nom d'emprunt, ne l'oublions pas), la grand-mère de Meredith, à l'époque où elle jouait la courtisane incendiaire et la révolutionnaire sanglante à la Cour du roi.
Tout un programme.

L'époque reste imaginaire, mais je me suis inspirée de tenue contemporaine d'Henri VIII d'Angleterre. 14-15eme siècle donc. Je ne cherche pas l'exactitude historique, loin de là ! Je n'aurai pas la patience pour toutes ces dentelles et ces froufrous. Mais j'ai envie de me faire plaisir, malgré tout.

Voici quelques références qui m'avaient tapées dans l’œil



Oui la fraise c'est beaucoup plus tardif que l'époque où je voudrais situer l'histoire, mais c'est définitivement classieux. J'ai pas pu me retenir.

Source: http://lecostume.canalblog.com. Un excellent site de référence !


Le décor est quant à lui, calqué sur la Cour des Lions du palais de l'Alhambra de Grenade, en Espagne. Un lien enchanteur, brûlant et magique où j'ai eu la chance de me promener il y a déjà fort longtemps, et qui réunissait tous les éléments que je voulais pour poser le décor.
Exotisme, pouvoir enivrant et sombres intrigues.

Pour ceux et celles, qui n'ont pas encore eu la chance de voir ce joyau de leurs propres yeux, voici un avant goût !




La fameuse fontaine de la Cour des Lions

Let's do it !

Pour vos beaux yeux, voici, comme à mon habitude, plusieurs scans pour vous montrer comment je procède au niveau du dessin et de la mise en couleur.

Première esquisse: Il la faut de dos, en train de manigancer quelque chose. Belle, mystérieuse, et incendiaire. Zou !


On pose le décor. Quelques détails grossiers (les lions auront besoin d'un lifting avec l'aide précieuse de photos de référence)


Comme le décor va s'avérer compliqué (la perspectiiiiive, j'y comprends tellement rien !), et qu'il va falloir jouer de la règle et de la mesure arithmétique pour que cela ressemble à quelque chose, je préfère assurer mes arrières et encrer ce qui me satisfait à ce stade là du dessin. A savoir, le personnage principal. Je pourrai ainsi gommer et revenir sur le décor à ma guise (en prenant bien garde de ne pas plier le papier, comme je le fais parfois. Argh).


On s'amuse à détailler tout ça. Noter le lifting des lions et les traits à la règle en tout sens. Je procède toujours de manière méthodique et très rigoureuse. AHEM.


 Encrage alias "mais que diable allait-elle faire dans cette galère ????"


Mise en couleur du fond. Ça n'a pas l'air comme ça, mais j'ai fait quelque chose comme trois couches de rose différents, et autant, voir plus, avec le violet et le gris (comme celui sur les tuiles), pour essayer de rendre une ambiance nocturne crédible. C'était trèèèèès en dehors de ma zone de confort, avec des couleurs que je n'utilise jamais. Un peu flippant, mais plutôt excitant, en fait.


Pour suggérer que l'intérieur du palais est éclairé (et me faciliter la tâche pour éclairer le personnage), j'ai coloré les colonnes dans des tons chauds: jaune et ocre, majoritairement.


Là, j'ai commencé à haïr mon scanner, qui rendait bien les nuances du fond, mais ABSOLUMENT PAS celles de la robe. En réalité, il y a 3 couches de rouge différents, et l'ensemble tend beaucoup plus vers le rouge sombre/bordeaux que sur ce rouge vif dégueu. J'ai bidouillé les éclairages, les calibrages, rien à faire...
Mais voici, tout de même, à quoi ressemble le dessin avant que je repasse les traits en noir (et oui, l'encrage souffre avec toutes ces couches de couleur !).


 Je vous passe l'étape où je repasse méticuleusement les traits (la goutte de sueur au front, rongée par l'angoisse à l'idée de déraper), et où je rajoute les touches de blanc au feutre Posca (notamment sur Eireann et pour mimer les gouttes d'eau autour de la fontaine). 

Je me suis ensuite précipitée sur un autre scanner...et voici ce que cela donne, une fois fini.

TADAAAAA !


Maintenant, il faut que je prenne plus de mon temps pour étoffer le scénario, tout ça, tout ça...
Mais ça viendra.

Pour les anciens, n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez des changements sur le blog. Si vous avez des suggestions d'amélioration sur la forme de la bête, faites vous plaisir dans les commentaires.

So long !

mardi 23 juin 2015

Mut-mut

L'année 2015 risque d'être l'année la plus chiche en matière d'articles sur ce blog...et pourtant, ce n'est pas l'envie d'écrire qui manque, ni les projets !

Ce que je veux dire ici, outre le fait que je ne laisse pas tomber blogger (Non, non ! Je cherche même à le customiser et à le moderniser un poil), c'est qu'avec les copines, j'ai fait pas mal de trucs pour mettre en avant mon univers avec Meredith et compagnie, au sein du collectif Mutatis mutandis !
Conventions, badges, bannière et même artbook ! Promis, je reviendrai en reparler ici plus en détail très bientôt !
Donc, en attendant que je puisse pondre un article (un vrai !) avec moults parenthèses, exagérations épiques, photos et légendes gargantuesques, je vous encourage à aller voir de plus près notre site internet que l'on continue à remplir petit à petit. 
Dites moi ce que vous en pensez et n'hésitez pas à laisser vos impressions !

Pour égayer tout ça, je me suis attelée à une série de portraits à l'aquarelle pour remplir la partie dédiée aux personnages. 
Clairement, j'ai encore beaucoup à apprendre avec ce medium là, mais j'aime bien le rendu :)
A creuser donc !

Voici, pour patienter, les deux premiers de la série: Eireann et Meredith




dimanche 8 février 2015

Morts de rire


Il y a déjà un mois, avait lieu l'attentat au sein des locaux de la rédaction de Charlie hebdo. Un acte de barbarie sans nom, qui aura traumatisé la France et le monde.

Comme beaucoup de gens, j'ai été ébranlée, ce jour là. Choquée. Attristée. J'ai été horrifiée, impuissante, saisie à la gorge. J'ai ressenti vivement l'affreuse certitude que ce n'était pas juste un mauvais rêve et que, à Paris, en 2015, on avait abattu froidement des dessinateurs de presse, et tous les malheureux qui se trouvaient entre eux et les armes des terroristes. J'ai eu la gorge nouée pendant des heures, les yeux rivés à mon écran d'ordinateur, incapable de me concentrer sur mon boulot, sonnée et nauséeuse.

Je ne suis absolument pas une dessinatrice de presse. Ou même engagée politiquement dans mes crobards. J'admire, mais je ne sais pas faire. Je n'en ai pas le courage non plus.

Je connaissais Charlie, et Harakiri avant lui, mais je n'en avais jamais lu un numéro complet.

Malgré tout, je l'ai ressenti comme une attaque "privée". Un truc qui venait me toucher, moi, personnellement. Des morts, malheureusement, il y en a partout dans le monde, tout le temps. La dernière boucherie qui a eu lieu quelques jours plus tard au Nigeria en est un exemple cruel et sanglant. Ce qui est affreux, c'est que c'est loin, que ça nous émeut moins.

Quand ce jour-là, l'un de mes collègues est venu nous rejoindre dans la cuisine, au boulot, effaré, en disant "Cabu est mort", j'ai senti comme un bout de moi se détacher douloureusement. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant.

J'ai grandi biberonnée à la bande dessinée. Je lisais les petites cases dans le Monde et le Canard enchainé quand j'étais enfant, tous les mercredis, chez mes grands-parents. Et même si je ne saisissais pas tout le sel de la chose, j'aimais les lire. C'était l'un de mes petits rituels. Elles faisaient partie de mon paysage. Je ne sais pas si j'aurai réagi aussi vivement si cela avait été des anonymes, ou des journalistes, autres que des dessinateurs qui avaient été tués ce jour là. Je l'ignore, et dans le fond, j'en ai un peu honte, car je devrais m'insurger, quelles que soient les victimes... Mais, là, en tant que BD-iste, en tant que dessinatrice, en tant que citoyenne, ça m'a retourné le bide, plus vivement que je ne l'aurait cru.

C'en est suivi une réaction en chaine.

J'ai eu peur. Peur pour mon pays. Peur pour la liberté. Peur des cons. Peur des remarques haineuses, du racisme, de l'intolérance, des amalgames, des actes cons de vengeance aveugles sur ceux qui n'ont rien fait.
J'ai eu honte aussi.
 Honte de voir que ces types étaient menacés de mort depuis des années, et que tout le monde s'en foutait. Charb avait constamment un flic aux basques...pendant 12 ans ! Et c'était normal. J'ai été choquée de voir qu'on les laissait tous seuls s’escrimer dans leur coin, les laissant avec leurs blagues potaches, en les dénigrant ou en les pointant du doigt, sans réaliser qu'ils étaient peut être les seuls à prendre des risques pour la liberté d'expression. 
Et je me suis sentie bête. Bête de ne pas avoir pigé plus tôt.

J'ai regardé l'excellent film "Caricaturistes, fantassins de la liberté"de Stephanie Valloatto, et revu "Persepolis" de Marjane Satrapi et Vincent Paronneau.



Et je me suis dit, que ces types, ces femmes, qui prennent la parole, qui disent tout haut ce que l'on dit tout bas, parfois en risquant leur vie, méritaient l'admiration.
J'ai regardé le boulot de WillisfromTunis, de Michel Kichka, de Boligan, de Plantu.





J'étais admirative, gonflée d'espoir en voyant l'investissement de ces gens, qui ont le courage de se dresser face à la bêtise et à la barbarie, mais aussi totalement impuissante et déprimée. Parce qu'il y aura encore un bon bout de temps des dessinateurs que l'on persécute, que l'on menace de mort, et auxquels on brise les phalanges.

Au milieu de tous ces tourneboulements émotionnels, et à ma toute petite échelle, je me suis sentie, comme investie d'une mission. J'ai regardé des interviews des disparus, les larmes aux yeux, comme celle-ci ou celle-là. Et je ne réalisais pas qu'ils étaient partis. Pour un truc aussi con.

 J'ai donc fait un truc que je ne fais jamais. J'ai dessiné pour leur rendre hommage.
Je les ai fait blaguer, grimacer de manière désinvolte, rire une dernière fois, comme un doigt d'honneur à la violence, la bêtise et l'intolérance qui leur avait coûté la vie. J'ai gribouillé jusqu'à exorciser.

Voici les modestes gribouillis que j'ai fait pour Cabu, Honoré, Charb, Tignous et Wolinski.
Des chics types qui croyaient pouvoir rire de tout, et qui en sont morts.

Salut les gars et bon vent.